Un singulier pluriel

« MONOTYPE. […] on peint directement sur une plaque métallique ou de plastique, parfois de verre, à laide d’un pinceau et de peinture à l’huile ou d’encres grasses […] puis, sans attendre que les encres sèchent, on imprime comme avec une gravure ordinaire, soit a la main en frottant le dot du papier, soit à la presse.
On ne peut guère obtenir qu’une seule bonne épreuve […] exceptionnellement on peut obtenir trois épreuves mais fort différentes. »
Dictionnaire technique de l’estampe, Albert Béguin, Paris, l’auteur, 1998

De cette définition on résume, sans peine, la nature du monotype et son sens. Relevant, néanmoins, de l’estampe, puisqu’il résulte du report sur une feuille de papier d’une image préexistante qui apparaît inversée sur l’épreuve. Le monotype, comme son nom l’indique ne trouve en aucune manière une raison dans la multiplication des tirages, à la différence des autres procédés de l’estampe qui tous partagent la cause d’une diffusion originale de l’œuvre.

C’est en fait un procédé d’impression de peinture et le plus souvent, apparaît comme une curiosité à titre expérimental.

Tibari, qui se livre régulièrement à cette activité, pousse ce sens de l’expérimentation plus loin puisqu’il ne s’arrête pas à un encrage particulier chaque fois, mais vas jusqu’au collage de matières différentes dans chaque épreuve.

L’encrage est décisif pour l’impacte sur la feuille, l’artiste mélange les couleurs à même la plaque, travail immédiat, réduit à une gestualité qui débouche inévitablement sur un effet de surprise quand la forme achevée se révèle.

Le tirage s’effectue feuille a feuille. L’encrage recommencé avec l’impression, chaque épreuve est unique. Chaque image accède à un statut d’autonomie, assumant une vie propre, incontestablement originale.

Cet intérêt pour le monotype on le comprend mieux quand on connaît la nature inventive de cet artiste astucieux, qui devant mon étonnement, me répond : – Eh oui, on n’apprend pas ça à l’école !-
Effectivement l’art n’est pas le résultat d’un enseignement, plutôt une donnée expérimentale, sa richesse étant dans la multiplicité des tentatives.